#RadioLondres Les carottes ne sont pas cuites… Je répète… Les carottes ne sont pas cuites.

Les présidentielles de 2012, malgré leur cruel manque d’intérêt, ont vu apparaître un amusant petit jeu : #RadioLondres sur Twitter. Il s’agit d’un habile subterfuge pour contourner l’interdiction de faire campagne les 21 et 22 avril. 

Un jeu bien sympathique et intelligent puisqu’il fait référence à une belle page d’Histoire : les messages codés que la France Libre envoyait à la Résistance intérieure. Dans tous les films de guerre, qu’il s’agisse du Jour le plus long, de l’Armée des ombres ou même… Papy fait de la Résistance, nous entendons ces mystérieuses annonces : « Les sanglots longs des violons », « Jean a de grandes moustaches » ou encore… « Le cuisinier secoue les nouilles ». Le dernier n’est pas une blague… 

Mais Radio Londres ne se limitait pas à l’information codée. Il s’agissait avant tout de contrer la désinformation nazie et d’encourager la Résistance française. Une contre-propagande très moderne qui a souvent pris la forme d’opérations comme la « campagne des V »…V comme victoire ! Radio Londres appelait les français à « taguer » des V un peu partout pour harceler les Allemands. Une guerre psychologique, qui a servi à stimuler les résistants. La guerre ne se fait pas que par les armes… 

Radio Londres, connues aussi pour son « jingle » : quatre coups, comme l’ouverture de la 5eme de Beethoven. 3 coups courts et un long ce qui signifie en Morse : V. Ces hommes courageux croyaient en la victoire. 

La principale voix de Radio Londres n’était autre que Maurice Schumann. Il était le porte-parole officiel de la Résistance extérieure, ce qui lui valut le surnom de « Voix de la France Libre ». Schumann était un fervent Démocrate chrétien qui devint, à la Libération, le premier Président du MRP. Ce grand homme était aussi Gaulliste car il fit le choix de suivre le Général sous la Veme République… Il renouait ainsi avec le chef de la France Libre. 

Nous autres chrétiens en politique devrions nous inspirer de Maurice Schumann et de ses amis Démocrates chrétiens. Ils n’ont pas eu peur de se lever alors que tout semblait perdu. 1940 semblait être le triomphe du Nazisme sur la démocratie, du paganisme sur la foi chrétienne… Qui aurait imaginé que quatre ans plus tard la France serait libérée, la démocratie restaurée et la Démocratie chrétienne constituée en un très grand parti de gouvernement : le MRP. 

La nouvelle mode de Radio Londres est intéressante car c’est mieux qu’un Hashtag de plus sur Twitter. Radio Londres nous rappelle que lorsque tout le monde croyait que nous étions perdus, il y avait encore des Hommes debout qui osaient dire : « La France a perdu une bataille, mais n’a pas perdu la guerre ». 

Après ce premier tour décevant osons tweeter : #RadioLondres Les carottes ne sont pas cuites…je répête…Les carottes ne sont pas cuites. 

L’esprit des abîmes

L’esprit gaulois est friand des exceptions, surtout quand elles sont françaises. Se démarquer du commun des nations est sans doute à l’origine de grandes fiertés … mais aussi de funestes désastres. C’est ce que m’inspire la situation des catholiques français dans notre vie politique…et qu’illustre, malgré lui, le brillant Ambrogio Riva dans son terrible texte « L’Esprit du Ralliement »

Quelle belle plume ! Dommage qu’elle serve à dénigrer la plus grande occasion perdue des catholiques de France : le Ralliement de 1892. 

Oui c’est dommage ! Le Ralliement a peu été suivi par des catholiques trop sclérosés dans la Contre-Révolution, trop divisés entre différentes factions, et trop frileux devant les urnes. 

Qu’ont-ils imaginé pour diaboliser la courageuse décision de Léon XIII ? Certains parlaient d’obscures conspirations, forcément maçonniques, ayant substitué un sosie en tablier en lieu et place du souverain pontife… L’épouvantable description du Cardinal Rampolla que nous donne Riva est hélas dans la même veine…Cent-vingt ans plus tard nous voyons que cette attitude conspirationniste perdure…il faut croire que justifier le rejet d’une décision papale par la fable d’un secrétaire d’état franc-maçon est la meilleure recette pour soulager une conscience ultramontaine en désaccord avec Rome… 

Mais quand verrons-nous le Ralliement tel qu’il est : une décision de bon sens. 

Si les catholiques s’étaient massivement ralliés, ils auraient raflé la majorité du Parlement sans grandes peines… Et nous aurions échappé à la crise anticléricale qui a précédé 1905 et, peut-être, une monarchie constitutionnelle aurait été instaurée… Riva reconnaît que c’était le plan du Pape, mais il oublie de mentionner que l’échec de ce plan est dû…au refus du Ralliement par les cathos français ! 

Au lieu de ça qu’avons-nous eu ? Une division des catholiques. Un grand nombre est resté enfermé dans un monarchisme contre-révolutionnaire avec une grande pratique de l’abstention. D’autres ont rejoins différents courants nationalistes pendant que quelques-uns tentaient de vivre pleinement le Ralliement par la Démocratie chrétienne… que Riva qualifie d’abîme… 

Mais, dans cette histoire, quelle attitude nous plonge dans un abîme ? Certainement pas la Démocratie chrétienne qui a voulu évangéliser la République et faire entrer la France dans une nouvelle ère. Non, ceux qui ont poussé les cathos dans le silence des abysses sont ceux qui, en refusant tout compromis avec le monde moderne, se sont bouchés les yeux et les oreilles devant le message du Pape. 

En refusant la République ils ont renoncé au pouvoir en le laissant aux anticléricaux. En refusant leur siècle ils ont hérité de la marginalisation des catholiques. La Démocratie chrétienne est née en France…Mais elle n’y a pas prospéré. Seul le Gaullisme a été un intermède chrétien…Mais les cathos les plus droitiers (et certains de gauche) ont vite conspué le Général. 

Dans les autres pays nous n’avons pas eu une telle situation : En Italie, les catholiques ont mis en place, en 1945, la République. La Démocratie chrétienne a régné pendant cinquante ans, elle a reconstruit le pays après la catastrophe fasciste. Son fondateur, de Gasperri est en cour de béatification. Malgré une fin désastreuse avec Andreotti et l’opération Mani Pulite, la DC a eu un bilan plus qu’honorable et son influence culturelle demeure en Italie : les catholiques continuent de participer au pouvoir et ce sont eux qui sont les plus représentés dans le gouvernement Monti. Les catholiques italiens sont dans leur siècle, ils n’ont pas peur de la politique ni du pouvoir…Et ça marche ! 

Nous pourrions dire la même chose de l’Allemagne avec la CDU, de l’Espagne avec le PP, des Etats-Unis où ils sont présents historiquement au Parti Démocrate et plus récemment au Parti Républicain…la liste des pays où les cathos sont en phase avec les réalités politiques est longue, mais la France n’en fait pas partie. Nous préférons appeler à voter blanc, à nous abstenir ou parfois nous enfermer dans l’extrême droite au nom d’une lecture ultra réductrice des « PNN », ou de quelques rêveries contre-révolutionnaires… Quelle pathétique exception française… 

L’abîme, c’est le dénie de la réalité, pas la Démocratie chrétienne ! 

Il serait grand temps que nous le comprenions à cette heure où, une fois de plus, les chrétiens se divisent et s’éloignent du pouvoir…en ouvrant involontairement un boulevard à une gauche acquise aux « nouvelles mœurs ».

Votons responsable !

Les catholiques français tentent leur retour en politique, c’est bien… Nous avons vu précédemment différentes initiatives de laïcs catholiques et différentes prises de positions d’évêques français. Ca bouge ! Mais est-ce suffisant ? 

Une grande partie des déclarations épiscopales et certaines initiatives laïques sont centrées sur la notion de Principes non-négociables, communément surnommés les « PNN ». 

Je ne tiens pas à remettre en cause ces principes car je les ai défendu précédemment et je suis convaincu de leurs bien fondés car ils touchent l’essentiel : la personne humaine. 

Néanmoins une question se pose : mettre systématiquement en avant le discours de Benoît XVI de 2006 et ses trois PNN est-il pertinent ? Je me permets de répondre : non. Pourquoi ? 

Limiter le discernement pour les prochaines élections à seulement trois points est une très mauvaise idée car cela revient à faire une fixation sur seulement trois aspects de la doctrine sociale de l’Eglise… Or cette doctrine est plus vaste, plus riche que seulement trois interdits. Elle vise à construire la civilisation de l’amour, non a donner des cartons rouges aux candidats. 

Si, au lieu du discours de 2006, avait été mis en avant la note doctrinale du 24 novembre 2002, nous aurions eu une approche différente de la campagne. Celle-ci nous appelle certes au refus du compromis, mais elle nous invite aussi à faire de la politique et à tout faire pour éviter la catastrophe…Et surtout elle n’énumère pas que trois PNN, mais une liste bien plus longue…et non exhaustive. 

N’as t’on pas tronqué la doctrine sociale avec ces trois points ? J’ai bien peur que oui. D’autant que c’est la pensée du Pape lui-même qui se trouve élaguée. Le discours de 2006 n’est qu’un bref texte s’adressant a des parlementaires. La note de 2002 concerne toute l’Eglise et est un document long et précis sur toute la vie politique. Nous ne pouvons comprendre le discours de 2006 qu’en le mettant en perspective de la note de 2002. La conférence des évêques de France l’a bien compris en réalisant son excellent document. 

La conséquence de cela est qu’au nom de la « cohérence », certains se permettent d’appeler à…voter blanc. Cela malgré le risque qu’un François Hollande défenseur de l’euthanasie, du mariage homo, de l’homoparentalité et adversaire de l’école libre ne l’emporte… 

Le candidat socialiste a beaucoup de chance d’emporter le scrutin, Nicolas Sarkozy, malgré ses nombreux défauts, est le seul qui puisse encore le battre… Et surtout, son programme est le moins mortifère. 

Le minimum de responsabilité serait de faire barrage à Hollande ! Mais non… Au nom des mains pures ils ne veulent pas toucher au bulletin Sarko. 

« Ils avaient les mains pures, mais ils n’avaient pas de main. » 

Mais pourquoi un tel acharnement a ne pas vouloir voter Sarkozy (ne fut-ce qu’au second tour) alors que le plus « pro-mort » des candidats risque de l’emporter ?

Dans leur argumentaire ils répondent que le vote des autres n’entraîne pas leur responsabilité… Drapés dans leur habit blanc vont-il aller jusqu’à dire : « Je m’en lave les mains, cela n’incombe que la responsabilité des autres, pas la mienne ! ». Moralement un tel propos est insoutenable…et absurde car en refusant de cautionner un candidat ils font passer le pire… 

Quelle tête feront-ils quand le prochain gouvernement socialiste aura fait passer la loi sur l’euthanasie ? 

Quelle tête feront-ils quand tomberons les chiffres annuels des vieillards et des malades ayant reçu une injection léthale ? 

Quelle tête feront-ils quand, dans la mairie de leur ville, seront célébrés des mariages homos ? 

Quelle tête feront-ils quand des enfants seront adoptés par des couples gays ? 

Il ne faudra pas qu’ils se plaignent…Car en votant blanc, ces électeurs (essentiellement de droite) auront ouvert un boulevard à Hollande… 

Eh oui, la première des cohérences est d’être responsable des conséquences de ses actes.

Elire le Président au suffrage universel direct a-t-il un sens ?

En ces temps de campagne électorale s’enfonçant chaque jour dans l’absence cruelle d’intérêt, tentons de soulever une question taboue : Elire le Président au suffrage universel direct a-t-il un sens ?

Cette question est taboue (ou presque) car elle est très rarement évoquée dans les médias. Peu de gens en parlent comme s’il s’agissait de quelque chose d’impensable. Et pourtant, je reste convaincu que cette élection pose problème… Lire la suite

La Démocratie-chrétienne aujourd’hui et demain

Le cycle sur la Démocratie-chrétienne aurait pu s’achever avec les articles sur la transformation du MRP en Centre démocrate par Jean Lecanuet. Les deux articles sur le gaullisme et cette famille politique aurait été des « spin-off » destinés à mieux comprendre l’échec du MRP. Ainsi, la Démocratie-chrétienne française serait resté dans le monde d’hier, conjuguée au passé et hantant, par de funestes remords, ses héritiers dispersés à l’UMP, au PCD, au Nouveau Centre et au Modem…

Mais non, je tiens à conclure cette série par une ouverture sur l’avenir car la Démocratie-chrétienne française n’est pas morte avec le MRP. Plus que jamais, notre époque appelle au retour des chrétiens-démocrates.  Lire la suite

Mgr Rey parle des présidentielles.

Les élections présidentielles de 2012, malgré des campagnes médiocres, ont révélé un phénomène original : le retour des catholiques dans la scène politique. Des fidèles laïcs, mais aussi le clergé, ont décidé de parler dans cette campagne électorale. Nous passons d’une discrète action « en chrétien » à un discours « en tant que chrétien ». 

Nous pouvons citer différentes interventions : le document de la Conférence des évêques de France du 3 octobre 2011, le livre « Quelle société voulons-nous ? » de Mgr Vingt-Trois, la vidéo réalisée par SAJE prod… Mais aussi en dehors du cadre ecclésial, au sein de la société civile : la Fraternité des Chrétiens Indignés. Dans les partis politiques, différentes organisations de laïcs (distinctement de l’Eglise bien sur) : les Poissons roses au PS, le PCD à droite. Enfin, hors tout cadre : le mouvement « Votons cohérent ». 

En un mot : ça bouge ! C’est très positif. Mais je souhaiterais revenir sur une déclaration : celle de Monseigneur Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon en date du 29 mars dernier.  Lire la suite

De Gaulle était-il démocrate-chrétien ?

Peut-on voir en Charles de Gaulle un démocrate-chrétien ? La question peut paraître incongrue tant le MRP s’est enfoncé dans l’antigaullisme et a contribué à la légende noire faisant de De Gaulle un contre-révolutionnaire maurassien.

Pourtant la question mérite d’être posée car quelques chrétiens-démocrates ont vu en lui un des leurs, et certains auteurs ont relevé un grand nombre de liens de parenté entre le gaullisme et la démocratie-chrétienne. Nous l’avons vu précédemment, les liens entre ces deux familles furent passionnés, mélanges d’attraction et de répulsion, avec une réelle proximité idéologique mais aussi quelques points d’achoppements. Ces deux familles de pensées sont voisines et même cousines. Pour comprendre cette parenté il faut se pencher sur la personnalité et les idées du Général. Lire la suite