Votons responsable !

Les catholiques français tentent leur retour en politique, c’est bien… Nous avons vu précédemment différentes initiatives de laïcs catholiques et différentes prises de positions d’évêques français. Ca bouge ! Mais est-ce suffisant ? 

Une grande partie des déclarations épiscopales et certaines initiatives laïques sont centrées sur la notion de Principes non-négociables, communément surnommés les « PNN ». 

Je ne tiens pas à remettre en cause ces principes car je les ai défendu précédemment et je suis convaincu de leurs bien fondés car ils touchent l’essentiel : la personne humaine. 

Néanmoins une question se pose : mettre systématiquement en avant le discours de Benoît XVI de 2006 et ses trois PNN est-il pertinent ? Je me permets de répondre : non. Pourquoi ? 

Limiter le discernement pour les prochaines élections à seulement trois points est une très mauvaise idée car cela revient à faire une fixation sur seulement trois aspects de la doctrine sociale de l’Eglise… Or cette doctrine est plus vaste, plus riche que seulement trois interdits. Elle vise à construire la civilisation de l’amour, non a donner des cartons rouges aux candidats. 

Si, au lieu du discours de 2006, avait été mis en avant la note doctrinale du 24 novembre 2002, nous aurions eu une approche différente de la campagne. Celle-ci nous appelle certes au refus du compromis, mais elle nous invite aussi à faire de la politique et à tout faire pour éviter la catastrophe…Et surtout elle n’énumère pas que trois PNN, mais une liste bien plus longue…et non exhaustive. 

N’as t’on pas tronqué la doctrine sociale avec ces trois points ? J’ai bien peur que oui. D’autant que c’est la pensée du Pape lui-même qui se trouve élaguée. Le discours de 2006 n’est qu’un bref texte s’adressant a des parlementaires. La note de 2002 concerne toute l’Eglise et est un document long et précis sur toute la vie politique. Nous ne pouvons comprendre le discours de 2006 qu’en le mettant en perspective de la note de 2002. La conférence des évêques de France l’a bien compris en réalisant son excellent document. 

La conséquence de cela est qu’au nom de la « cohérence », certains se permettent d’appeler à…voter blanc. Cela malgré le risque qu’un François Hollande défenseur de l’euthanasie, du mariage homo, de l’homoparentalité et adversaire de l’école libre ne l’emporte… 

Le candidat socialiste a beaucoup de chance d’emporter le scrutin, Nicolas Sarkozy, malgré ses nombreux défauts, est le seul qui puisse encore le battre… Et surtout, son programme est le moins mortifère. 

Le minimum de responsabilité serait de faire barrage à Hollande ! Mais non… Au nom des mains pures ils ne veulent pas toucher au bulletin Sarko. 

« Ils avaient les mains pures, mais ils n’avaient pas de main. » 

Mais pourquoi un tel acharnement a ne pas vouloir voter Sarkozy (ne fut-ce qu’au second tour) alors que le plus « pro-mort » des candidats risque de l’emporter ?

Dans leur argumentaire ils répondent que le vote des autres n’entraîne pas leur responsabilité… Drapés dans leur habit blanc vont-il aller jusqu’à dire : « Je m’en lave les mains, cela n’incombe que la responsabilité des autres, pas la mienne ! ». Moralement un tel propos est insoutenable…et absurde car en refusant de cautionner un candidat ils font passer le pire… 

Quelle tête feront-ils quand le prochain gouvernement socialiste aura fait passer la loi sur l’euthanasie ? 

Quelle tête feront-ils quand tomberons les chiffres annuels des vieillards et des malades ayant reçu une injection léthale ? 

Quelle tête feront-ils quand, dans la mairie de leur ville, seront célébrés des mariages homos ? 

Quelle tête feront-ils quand des enfants seront adoptés par des couples gays ? 

Il ne faudra pas qu’ils se plaignent…Car en votant blanc, ces électeurs (essentiellement de droite) auront ouvert un boulevard à Hollande… 

Eh oui, la première des cohérences est d’être responsable des conséquences de ses actes.

Vous avez dit non-négociables ? (3)

Etre catholique et citoyen n’est pas une sinécure. Différentes personnalités, différents mouvements se réclamant de la foi chrétienne sont actifs sur le terrain politique et ils vivent différemment la campagne présidentielle et le cas de conscience qu’elle implique. Nous voyons apparaître différentes stratégies pour tenter de mettre en œuvre la doctrine sociale de l’Eglise sans bafouer les points non-négociables… Stratégies que l’on peut toujours discuter tant du point de vue de la cohérence que du point de vue de l’efficacité.  Lire la suite

Vous avez dit non-négociables ? (2)

Que faire ? La note doctrinale du 24 novembre 2002 appelle clairement les catholiques à refuser tout compromis allant à l’encontre des points non-négociables… Cela signifie t’il que les croyants doivent se retirer dans une tour d’ivoire, se couper du monde politique ? Non, l’Eglise nous appelle à nous opposer contre ce qui heurte nos principes.  Lire la suite

Vous avez dit non-négociables ? (1)

La campagne présidentielle a mis le monde catholique français en émoi… La plupart des chrétiens ne savent pas vers qui se tourner tant l’offre politique ne semble guère évangélique. Dans ce brouillard politique, nous avons avec nous quelques instruments de navigation : Outre une riche doctrine sociale, l’Eglise a défini des « points non-négociables ». Par définition, ces points sont des problématiques fondamentales sur lesquelles nous ne pouvons pas transiger… Ils sont formulés dans la note du 24 novembre 2002 du préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi de l’époque, un certain Joseph Ratzinger… Ce texte est essentiel, il résume une grande partie de la doctrine sociale de l’Eglise en nous donnant des clés pour comprendre et nous repérer dans la vie politique actuelle.  Lire la suite