De la Démocratie chrétienne au centrisme

1962 a été l’année de la deuxième rupture avec le gaullisme. Suite au départ des ministres démocrates-chrétiens du gouvernement Pompidou, le MRP a pu assumer plus ouvertement son antigaullisme… Ce qu’il ne s’est pas gêné de faire peu de temps après avec le referendum du 28 octobre 1962 sur l’élection du Président de la République au suffrage universel et les conditions de sa mise en place… Le MRP s’est opposé à cette réforme. Lire la suite

Le MRP et la Vème République

1958 a été l’année charnière qui a vu le Général de Gaulle revenir au pouvoir et la France se doter d’une nouvelle constitution. La IVème République est morte de son incapacité à gérer la crise algérienne…instabilité chronique, gouvernements souvent trop faibles, le « régime des partis » n’a pas pu faire face à un conflit algérien qui s’enlisait et qui était trop chargé d’émotion pour la population française. Je ne reviendrai pas sur ces évènements complexes, ici vous en avez un rapide aperçu.  

Le MRP a joué un rôle essentiel dans la crise de 1958 car l’avant dernier Président du Conseil de la IVème République était le républicain populaire Pierre Pflimlin. Ses Mémoires d’un Européen racontent avec talent la fin de ce régime, l’arrivée du Général au pouvoir et le retour du MRP auprès des gaullistes…jusqu’à la deuxième rupture de 1962… Lire la suite

Borloo confus de la confusion

Borloo jette l’éponge ! C’est fini, il ne se présentera pas aux présidentielles. Il vient de l’annoncer au journal de Claire Chazal. Il le justifie ainsi : « Les conditions ne sont pas réunies pour fédérer les centres, et je ne veux pas ajouter de la confusion à la confusion ».


Il reconnait l’échec du rassemblement du centre. Confusion, le mot est bon pour qualifier la situation du centre aujourd’hui. Le centre est éparpillé, les leaders centristes sont très bas dans les sondages. L’ARES n’a pas créée de dynamique, le grand mouvement n’est pas au rendez-vous. Trop de divisions, trop de conflits, pas assez de cohésion, rien n’est ajusté.


Pourquoi ?


On ne peut comprendre la crise du centrisme que si on remonte un petit peu dans le temps. En 2007, François Bayrou a obtenu 18,57% des voix. Un score impressionnant gagné après des années de travail. Sa première présidentielle lui avait value 6,84%, et une subite notoriété due à une gifle providentielle…


Bayrou a réalisé ce travail de longue haleine (huit ans d’action après sa refondation de l’ancienne UDF en 1999) grâce à un positionnement original. Il s’est systématiquement démarqué du RPR, puis de l’UMP. Une démarcation forte, souvent houleuse. Il refusait tout compromis avec les gouvernements de droite. Parallèlement, il bénéficiait d’une structure partisane importante : jusqu’à trente députés, un important groupe de sénateurs (l’Union Centriste) et une dizaine de députés Européens. Sans compter un maillage important de collectivités territoriales et un réseau de militants motivés. « L’UDF de Bayrou » avait une organisation, un leader incontesté et connu, ainsi qu’un discours clair : sur l’Europe, la décentralisation, la dette (déjà et avant tout le monde…)… Ce « Centre », malgré ses faiblesses évidentes (c’était un petit parti), existait et il avait une cohérence.


L’UDF Bayrouiste a atteint son apogée en 2007, au soir du Premier tour des présidentielles. 18,57%, mais le désert est venu tout de suite après.


Faire le choix d’une opposition frontale et totale à l’UMP de Nicolas Sarkozy n’est pas sans risque. C’est même du « quitte ou double » : ou on gagne l’élection, ou on perd (même avec un résultat très élevé) et là, le naufrage est total. Les députés Bayrouistes ont été confrontés à un terrible cas de conscience lors de législatives qui ont suivi. Ou ils lâchaient Bayrou pour rejoindre la majorité présidentielle, ou ils persistaient et ils avaient un candidat UMP en face d’eux…Dilemme ! Les députés risquaient gros !


La grande majorité d’entre eux n’ont pas pris ce risque. « Ils sont allé à la soupe » a déclaré ensuite le leader déchu avec beaucoup d’amertume.


L’UDF a disparu ce jour là. Bayrou a fondé son « Mouvement Démocrate », le Modem. Les députés pro-Sarkozy, ont construit un parti autour du groupe UDF à l’Assemblée nationale et de son président Hervé Morin : le Nouveau Centre. Une organisation politique conçue en quatrième vitesse et qui, très vite, a eu comme crédo de « rassembler les centres ». Il y en avait besoin, car les anciens de l’UDF n’étaient pas tous chez Morin. Un grand nombre sont allés au Parti Radical, d’autres on fait cavalier seul et de nouvelles formations ont été créées par la suite : l’Alliance centriste de Jean Arthuis, en grande partie constituée des sénateurs centristes ; Avenir démocrate de Jean-Marie Cavada avec quelques députés européens.


Le centre était donc éclaté. Le Modem était un leader sans parti. Le Nouveau Centre et les autres formations étaient des partis sans leader.


Et les idées ? Bayrou en a. Les autres, on ne les connait pas, on n’en parle jamais et elles n’apparaissent même pas dans l’intitulé de leurs partis.


Vous savez ce qu’il pense Hervé Morin ? Personne ne le sait. C’est quoi le Nouveau Centre ? Des libéraux ? Des Démocrates chrétiens ? Des laïcs ? des Sociaux-démocrates ? Nous n’en savons rien.


Mais une seule chose est claire : c’est le « Centre-droit ». Ils ne regardent pas vers la gauche, seulement vers Sarkozy. Réalisme ? Sans doute, car la position de Bayrou est, hélas, intenable. Mais c’est la seule qui permet à un centre d’exister lors d’une présidentielle.


En regardant vers la droite, les « sarko-centristes » on fait le choix (ou subit ?) de disparaître. Ils sont devenus comme le Parti Radical de Gauche : un réseau d’élus réunis dans le satellite d’un parti de gouvernement.


Le centre va mal car il ne sait pas où il en est :



  • Satellite de l’UMP ? Donc cela implique une absence de candidats au présidentielles, ou bien un candidat de « premier tour » qui se contente de « témoigner » de sa famille de pensée.

  • Rival de l’UMP ? Cela revient à faire un Modem sans Bayrou…Mais il y a déjà Bayrou ! Malgré sa déshérence actuelle, le célèbre Pyrénéen est le seul centriste anti-sarko réellement crédible ! Comment peut-on être du Nouveau Centre ou du Parti Radical et chercher ensuite à reproduire les expériences du Modem…absurde ! Les électeurs n’y comprendraient rien !

Jean-Louis Borloo a justement commis cette dernière erreur. Membre de l’UMP et de sa composante, le Parti Radical, depuis 2002, il est l’homme du système. Il ne s’est jamais opposé à son parti. Il a été membre de différents gouvernements de Nicolas Sarkozy.


Or le voila qui part en guerre contre le Président de la République ! Et son projet de candidature visait le deuxième tour !


Borloo se prend pour Bayrou ! Absurde !


Comment peut-on rassembler des formations centristes anti-Bayrou en se prenant pour le béarnais ?


L’incohérence n’a jamais rassemblé. Comme il  le dit lui-même cela ne fait qu’ajouter de la confusion à la confusion…


Il en est confus et il renonce. C’est bien sa seule décision cohérente.