Sur le concept de « Président normal »

François Hollande est Président de la République depuis un mois. Le nouveau gouvernement s’installe et le nouveau chef de l’Etat nous a dévoilé le style de cette présidence : la « normalité ».

Le concept de « Président normal » est donc le leitmotiv de François Hollande. Annoncée lors de la campagne, martelée durant le débat en de pénibles anaphores, cette présidence normale pose question. Est-elle possible ? Est-elle conforme à l’essence de la fonction présidentielle ? Pourquoi un tel choix ?  Lire la suite

Votons responsable !

Les catholiques français tentent leur retour en politique, c’est bien… Nous avons vu précédemment différentes initiatives de laïcs catholiques et différentes prises de positions d’évêques français. Ca bouge ! Mais est-ce suffisant ? 

Une grande partie des déclarations épiscopales et certaines initiatives laïques sont centrées sur la notion de Principes non-négociables, communément surnommés les « PNN ». 

Je ne tiens pas à remettre en cause ces principes car je les ai défendu précédemment et je suis convaincu de leurs bien fondés car ils touchent l’essentiel : la personne humaine. 

Néanmoins une question se pose : mettre systématiquement en avant le discours de Benoît XVI de 2006 et ses trois PNN est-il pertinent ? Je me permets de répondre : non. Pourquoi ? 

Limiter le discernement pour les prochaines élections à seulement trois points est une très mauvaise idée car cela revient à faire une fixation sur seulement trois aspects de la doctrine sociale de l’Eglise… Or cette doctrine est plus vaste, plus riche que seulement trois interdits. Elle vise à construire la civilisation de l’amour, non a donner des cartons rouges aux candidats. 

Si, au lieu du discours de 2006, avait été mis en avant la note doctrinale du 24 novembre 2002, nous aurions eu une approche différente de la campagne. Celle-ci nous appelle certes au refus du compromis, mais elle nous invite aussi à faire de la politique et à tout faire pour éviter la catastrophe…Et surtout elle n’énumère pas que trois PNN, mais une liste bien plus longue…et non exhaustive. 

N’as t’on pas tronqué la doctrine sociale avec ces trois points ? J’ai bien peur que oui. D’autant que c’est la pensée du Pape lui-même qui se trouve élaguée. Le discours de 2006 n’est qu’un bref texte s’adressant a des parlementaires. La note de 2002 concerne toute l’Eglise et est un document long et précis sur toute la vie politique. Nous ne pouvons comprendre le discours de 2006 qu’en le mettant en perspective de la note de 2002. La conférence des évêques de France l’a bien compris en réalisant son excellent document. 

La conséquence de cela est qu’au nom de la « cohérence », certains se permettent d’appeler à…voter blanc. Cela malgré le risque qu’un François Hollande défenseur de l’euthanasie, du mariage homo, de l’homoparentalité et adversaire de l’école libre ne l’emporte… 

Le candidat socialiste a beaucoup de chance d’emporter le scrutin, Nicolas Sarkozy, malgré ses nombreux défauts, est le seul qui puisse encore le battre… Et surtout, son programme est le moins mortifère. 

Le minimum de responsabilité serait de faire barrage à Hollande ! Mais non… Au nom des mains pures ils ne veulent pas toucher au bulletin Sarko. 

« Ils avaient les mains pures, mais ils n’avaient pas de main. » 

Mais pourquoi un tel acharnement a ne pas vouloir voter Sarkozy (ne fut-ce qu’au second tour) alors que le plus « pro-mort » des candidats risque de l’emporter ?

Dans leur argumentaire ils répondent que le vote des autres n’entraîne pas leur responsabilité… Drapés dans leur habit blanc vont-il aller jusqu’à dire : « Je m’en lave les mains, cela n’incombe que la responsabilité des autres, pas la mienne ! ». Moralement un tel propos est insoutenable…et absurde car en refusant de cautionner un candidat ils font passer le pire… 

Quelle tête feront-ils quand le prochain gouvernement socialiste aura fait passer la loi sur l’euthanasie ? 

Quelle tête feront-ils quand tomberons les chiffres annuels des vieillards et des malades ayant reçu une injection léthale ? 

Quelle tête feront-ils quand, dans la mairie de leur ville, seront célébrés des mariages homos ? 

Quelle tête feront-ils quand des enfants seront adoptés par des couples gays ? 

Il ne faudra pas qu’ils se plaignent…Car en votant blanc, ces électeurs (essentiellement de droite) auront ouvert un boulevard à Hollande… 

Eh oui, la première des cohérences est d’être responsable des conséquences de ses actes.

Le choix de la raison

La politique a ce travers qui est celui d’être l’art du possible. Prisonniers de la réalité nous devons « faire avec » et trop souvent mettre de côté nos idéaux les plus nobles. 

Ce réalisme est celui de Christine Boutin, présidente du Part Chrétien-Démocrate, qui a annoncé hier soir qu’elle arrêtait la course àla présidentielle. Fautedes 500 signatures nécessaires, elle a choisi de changer de fusil d’épaule…En soutenant Nicolas Sarkozy. 

Stupeur chez certains, cris d’épouvante chez d’autres, joie chez quelques uns : elle se rallie à l’UMP ! 

Je vois déjà les commentaires fuser, les accusations de grands rigoureux abonder : compromission avec le pouvoir, quête d’un maroquin… Absurde ! Tout le travail de Christine Boutin, toute son œuvre politique a été au service d’une idée politique : la Démocratie chrétienne, et à quel prix ! Madame Boutin a été vilipendée, trainée dans la boue depuis 1998 et le débat sur le PACS. Nombre de ses alliés, de ses amis l’ont lâché car elle a eu des prises de position courageuses et à contre-courant. Ses choix, sa candidature aux présidentielles de 2002, la fondation du Forum des Républicains Sociaux devenu des années plus tard le Parti Chrétien-Démocrate va dans le sens de ses convictions humanistes et Démocrates-chrétiennes inchangées depuis le début de son engagement politique. 

Mais défendre des idées implique t’il de s’isoler, de ne s’allier avec personne, de refuser de travailler avec un gouvernement sous prétexte que nous ne sommes pas en accord avec lui à 100% ? 

Certains reprochent à Christine Boutin d’avoir travaillé avec l’UMP et de remettre ça à nouveau…comme si elle aurait été une « grande dame de la politique » si elle avait boudé le gouvernement au nom de la pureté politique… Absurde ! Que vaut cette soi-disant pureté si elle n’est qu’impuissance ! 

Non : le but de la politique est de construire quelque chose, or construire implique de participer au pouvoir et participer au pouvoir implique de savoir quelles sont nos priorités. Or pour le PCD la priorité est aux valeurs ! 

Nicolas Sarkozy et François Hollande ont tous les deux le mérite d’avoir tenu un discours clair sur la question des valeurs. 

Le candidat socialiste est favorable au mariage homosexuel, à l’homoparentalité et est prêt à légaliser l’euthanasie. A cela s’ajoute une forme de laïcisme exacerbé… Les valeurs ne sont donc pas au rendez-vous, en revanche les nouvelles mœurs tiennent le haut du pavé…

 Le Président sortant défend l’inverse. Lors de son interview au Figaro Magazine il a affirmé son opposition à l’euthanasie, au mariage gay et à l’adoption par les couples homos. Il donne donc des garanties sur ce sujet. 

Bien entendu l’harmonie n’est pas parfaite, il existe des points de divergence mais il est objectivement préférable que Nicolas Sarkozy soit réélu. Nous ne pouvons pas prendre le risque de mettre François Hollande à l’Elysée… 

La question qui se pose est : Sarkozy ou Hollande ? Les autres candidats, même s’ils font de beaux scores, n’ont aucune chance de parvenir au pouvoir… Il ne faut donc pas se tromper et au moins limiter les dégâts. 

Je comprends ceux qui sont tentés d’aller à la pêche devant le peu d’intérêt de cette campagne électorale. Sur Twitter il y a eu récemment une brève discussion sur ce sujet et j’ai émis quelques tentations la dessus…Mais non, il faut voter et voter utile pour éviter au pays une catastrophe. 

Bien entendu cela ne fait pas de moi un Sarkozyste pur et dur. Il y a des choses que je n’approuve pas dans ses idées… Mais sur les questions économiques Hollande ne changera rien : il est aussi libéral que Sarkozy, aussi prisonnier du dogme de la croissance que lui, aussi partisan de l’austérité que lui… En revanche, il sera désastreux sur les questions de société. 

Donc oui Christine Boutin a fait le bon choix : le choix de la raison.