Violence télégénique

Lundi soir je regardais France 2 juste avant le journal télévisé. Je suis rarement devant mon téléviseur et donc, pour la première fois, j’ai vu une bande-annonce qui est diffusée depuis quelques temps en heure de grande écoute : celle du prochain feuilleton de l’été de France Télévision, « Inquisitio ». 

Déferlement de violence, univers médiéval macabre et crépusculaire, dominicain borgne disant froidement « Démembre-le » à ses sbires qui tiennent ligoté un pauvre malheureux… En quelques minutes, le téléspectateur moyen a été abreuvé de violence atroce exposée avec complaisance…

Une violence diffusée en prime-time dans une bande-annonce. Les choses sont claires : on en appelle au goût du spectateur pour la cruauté en exhibant une barbarie sans fard faite de supplices et de meurtres…

Evidemment, le raccourci est encore fait entre le catholicisme et l’Inquisition…Cela me peine, mais je n’évoquerais pas ce sujet car je n’ai pas encore vu la série, je m’arrête donc à son « teaser ».

Inquisitio n’est pas un phénomène unique, la violence télévisuelle, même si elle n’est pas nouvelle, est en nette recrudescence. Les célèbres séries américaines Rome, The Tudors, Borgia, Spartacus Blood and sand sont des festivals de violence gratuite. Tout y passe : crucifixions, écartèlements, supplices de l’huile bouillante… Mais aussi violence sexuelle, Rome abonde de scènes de viols en tout genre. Malgré les qualités de ces séries (j’ai beaucoup aimé la figure de Thomas More dans The Tudors), certains passages sont difficilement soutenables car crus et filmés avec complaisance…une complaisance assumée si l’on en croit la jaquette des DVD de la saison 2 des Tudors : « Une saison avec encore plus de violence et de sexe » annonce le diffuseur fièrement par-dessus une photo où Anne Boleyn est dans une position…pas très protestante.

Et ça marche ! Ces séries violentes ont du succès. Si France 2 se lance dans ce genre de programme, c’est justement parce que le « gore » est une recette efficace pour avoir de l’audience…et dès le teaser on envoie ce message au public : ça va saigner ! Une garantie de pic d’audimat…

Mais pourquoi tant d’horreurs ont tant de succès ? Nous pouvons nous poser cette question car la fascination pour la violence ne s’arrête pas à la télévision, mais elle touche aussi le réel. La vidéo où Luka Rocco Magnotta découpe sa victime a fait le buzz sur Internet. Ce personnage atroce semble fasciner…tout comme la plupart des serial killer… Et les images de son forfait semblent attirer…ce qui n’est pas nouveau. Les combats de gladiateurs attiraient un vaste public sous l’Empire Romain. Les exécutions ont de tout temps eu lieu sous les cris de haine d’une foule en délire.

L’exemple le plus horrible a été celui de l’écartèlement d’un valet de Louis XV qui avait tenté de l’assassiner. Un récit épouvantable que Michel Foucault a repris pour son livre Surveiller et punir. Les documents rapportent que le public hurlait contre les bourreaux qui souffraient et hésitaient d’accomplir une telle besogne. On raconte que des dames étaient venues et avaient trouvé ce spectacle « plaisant », tout comme le célèbre libertin Casanova, de passage à Paris ce jour là…

En regardant à la télévision des personnages se faire écarteler, les téléspectateurs trouvent-ils cela « plaisant » ?

Certains doivent le penser en faisant conclure le teaser d’Inquisitio par un dominicain borgne ordonnant : « Démembre-le ! »

Pour défendre Métronome, de Lorànt Deutsch.

« Le « Métronome » de Lorànt Deutsch, un livre idéologique ? » titre un article de la rubrique « culture » de Rue89 en date du 20 mai. Son auteur, Louis Lepron, s’en prend au livre à succès de Lorànt Deutsch en relayant des critiques d’historiens…Des critiques sur le contenu historique ? Oui, un peu, très peu même, car ce qui lui est reproché est moins certaines erreurs qu’une « vision de l’histoire, notamment « pro-royaliste », « anti-républicaine » et « anti-révolutionnaire ». Comme le dit clairement le titre de l’article : le sujet de la polémique est idéologique…

Louis Lepron n’a pas peur de s’attaquer à un ouvrage à grand succès (1.5 millions d’exemplaires vendus, une adaptation sur France 5, un salut unanime de la presse…), mais il prend le problème « par le mauvais bout de la raison » comme dirait Rouletabille. Pourquoi ? Lire la suite

De l’art ou du cochon ?

Samedi soir, en allant voir un film au MK2 Beaubourg avec un ami, je discutais d’un des sujets du moment : la veillée du 8 décembre à Notre-Dame de Paris. Discussion intéressante et contradictoire sur la contestation de Golgota PicNic, l’intérêt d’une vénération de la Couronne d’épines en réponse à la christianophobie, la pertinence d’un néologisme comme « christianophobie »…Bref, on continuait dans les rues de Paris les sempiternels débats de ces derniers temps. 

Conversation qui fût arrêtée par une vision surprenante…Rassurez-vous je n’ai pas eu d’apparition ! Mon regard a seulement croisé une immense affiche posée sur la façade (ou plutôt les tubulures) du Centre Georges Pompidou (voir photo). Elle représente le Président Pompidou, et une citation de ce grand homme : « L’art doit discuter, doit contester, doit protester. » Je l’avoue cette citation m’a laissé pantois…Et aussi elle m’a réjouit le cœur : enfin je tenais un élément du débat concernant Golgota PicNic : la question de l’art contemporain subventionné.  Lire la suite

Du Christ-Roi au 8 décembre

Dimanche 20 novembre nous allons célébrer la fête du « Christ, Roi de l’univers ». Le « Christ-Roi » est une fête instaurée par le pape Pie XI en 1925 avec l’encyclique Quas primas

Cette fête est belle, pleine de sens, mais aussi souvent mal comprise et mal utilisée. Sur son blog, Patrice de Plunkett a diffusé un texte très riche du père Robert Culat. Qu’est-ce que la royauté sociale du Christ ?  Lire la suite