Epatant Monseigneur Léonard

Mgr André-Joseph Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles, a une réputation de « conservateur » qui fait qu’il a été à maintes reprises vilipendé et même entarté (si, si) par de prétendus « progressistes ». 

Mais qu’est-ce que ce conservatisme que certains lui reprochent ? Tout simplement sa fidélité à Rome, son opposition aux « nouvelles mœurs » et une certaine liberté de parole. 

Pour la messe de minuit, Mgr Léonard en effet exercé cette liberté de parole avec une homélie qui en a surpris plus d’un. Le journal La Libre Belgique a rapporté cet évènement. Voici les extraits les plus significatifs. 

« Pour ma part, je sympathise volontiers avec les ‘indignés’ qui, en plusieurs endroits du monde, protestent contre les méfaits du néolibéralisme qui déferlent actuellement sur la planète, engendrant chômage, exclusion, pauvreté matérielle et spirituelle, parce que l’économie de profit est idolâtrée au détriment des plus vulnérables. Sans oublier les crises financières causées par la recherche effrénée du rendement immédiat et dont la facture sera principalement payée par les plus faibles »

Eh oui, Mgr Léonard « sympathise volontiers avec les Indignés » et évoque les « méfaits du néolibéralisme qui déferlent actuellement sur la planète ». C’est clair, très clair. Et ce n’est pas fini :

Il plaide pour une « économie de communion » et cite l’exemple du système belge de sécurité sociale, « où les plus nantis ont l’obligation de cotiser pour les moins favorisés ».

Pas moins ! Bel éloge de la sécurité sociale ! Et enfin :

« Comme le Pape, j’estime que c’est le devoir de l’Etat de corriger les excès de l’économie de marché afin de garantir le bien commun en obligeant les plus fortunés à se montrer solidaires des plus démunis. C’est pourquoi aussi j’appelle de mes vœux une autorité politique mondiale qui, tout en respectant le principe de subsidiarité, garantirait progressivement une solidarité entre toutes les nations de la planète« .

Eh oui, Mgr Léonard, (comme le Pape précise t’il) appelle à la régulation de l’économie par l’Etat. Et dans quel but ? Afin de garantir le bien commun.

L’archevêque de Malines-Bruxelles s’appuie sur une notion simple de la doctrine sociale de l’Eglise : l’Etat a en charge de garantir le bien commun. Cela est précisé dans le catéchisme de l’Eglise catholique dans un paragraphe consacré au « Bien commun » (CEC 1905-1912) :

« Si chaque communauté humaine possède un bien commun qui lui permet de se reconnaître en tant que telle, c’est dans la communauté politique qu’on trouve sa réalisation la plus complète. Il revient à l’Etat de défendre et de promouvoir le bien commun de la société civile, des citoyens et des corps intermédiaires. » CEC 1910

Enfin, Mgr Léonard fait référence à la note du Conseil Pontifical Justice et Paix sur l’autorité publique mondiale présentée récemment par le Cardinal Turkson. Faut-il le rappeler, Justice et paix est un Conseil Pontifical, donc un dicastère. Il est régit par la constitution apostolique Pastor Bonus du 28 juin 1988 qui organisela CurieRomaine(et donc les dicastères). Donc, Justice et paix est bien un organe du Saint Siège.

Mgr Léonard manifeste un soutien public à cette proposition qui peut en effet paraître utopique. Nous l’avons vu précédemment : ce texte est révolutionnaire. Mais bien entendu, une organisation politique mondiale n’est souhaitable que si elle se fait dans le respect du principe de subsidiarité.

Devant tout cela je n’ai qu’une chose à dire : Merci Mgr Léonard !

3 réflexions au sujet de « Epatant Monseigneur Léonard »

  1. Je ne dis pas que l’Etat ne doit pas poursuivre le bien commun mais qu’il en est actuellement incapable même s’il n’est pas nécessairement en contradiction avec lui (il fait plein de chose convenablement sans contrariété avec le bien commun). L’Etat de la doctrine sociale n’est pas l’Etat moderne; ce dernier ne mérite pas toute la confiance que l’on pourrait mettre dans un Etat selon la DSE. Cela n’impose pas de renoncer à l’action dans le cadre étatique actuel. Je doute simplement que l’Etat y parvienne par lui même. L’Eglise est dans son rôle en lui rappelant sa vocation.

    • Grandeur et misère de l’Etat. J’ai envie de dire que l’Etat fait ce qu’il peut (et François Bayrou avait dit une fois : « et il peut peu » lol). L’Etat parfait n’existe pas. L’Etat a une vocation, maintenant l’autre question essentielle est : y répond-il ? La réponse dépend plus de ceux qui commandent cet Etat que de la structure de l’Etat (même sa forme est importante). L’Eglise est bien sur dans son rôle de rappeler à l’Etat sa raison d’être, et elle est aussi dans son rôle quand elle invite les chrétiens à faire de la politique. C’est donc aux chrétiens de mettre en oeuvre cette doctrine sociale. Nous avons un patrimoine doctrinal fantastique, l’Eglise est vraiment experte en humanité, ce serait dommage de ne pas en faire profiter nos congénères.

      • Ceci dit quand je vois certains services publics comme le métro parisien, les chemins de fer ou les pompiers je me dit que finalement ça ne fonctionne pas si mal. Par exemple nous n’avons jamais vu deux métros se percuter et ainsi faire un drame avec des dizaines de victimes ? Or ils circulent sur les mêmes rails parfois à deux minutes d’écart. Pour la SNCF, on râle des retards, mais les accidents de train son rares et le TGV est une réussite. Et enfin notre Etat n’est pas si mal : nous avons des libertés publiques, on peut se réunir, écrire, parler librement, et on peut même le critiquer sur le Net !

Laisser un commentaire