L’Empereur-Dieu et le Christ-Roi

 « En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre –
ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. »
L’Evangile de la nuit de Noël, tiré de Luc, commence ainsi. 

Ce passage est troublant, et Luc à visé juste en utilisant les mots dont il s’est servi. Marie et Joseph quittent Nazareth pour Bethléem à cause du recensement impérial. Ce qui conduira Marie à mettre Jésus au monde dans cette petite étable. Le recensement n’est pas qu’un évènement qui a providentiellement permis à Marie de Nazareth d’accoucher à Bethléem et ainsi accomplir la prophétie de Michée. Non, Luc va plus loin.

L’Empereur Auguste ordonne de recenser toute la terre. Il se considère comme le souverain de toute la terre et il veut en comptabiliser tous les habitants. Le recensement n’est pas un acte administratif anodin. Dans l’Ancien Testament, il est mentionné que le Roi David avait effectué un recensement du peuple d’Israël…Mais en faisant cela il a désobéit à Dieu qui interdisait cette pratique puisqu’elle signifiait que le roi ne comptait que sur ses propres forces et non sur le Seigneur… Le recensement était en effet l’acte par lequel un roi compte les soldats potentiels pour de futures guerres. Il évalue ses forces. Une autre interprétation (assez proche) veut que le recensement était le privilège de Dieu. Dieu seul peut compter les habitants de la terre ou d’une région. 

Et Luc insiste sur le recensement d’Auguste. La signification est évidente : l’Empereur Auguste se considère comme le maître du monde…Mais il ne s’appuie que sur ses forces, il compte donc les peuples. Et aussi il se comporte comme Dieu en désirant recenser toute la terre. 

Auguste, le premier Empereur Romain, mais aussi le plus grand et le plus célèbre de tous était considéré comme un dieu vivant. Un culte était organisé où l’on faisait des sacrifices « au Génie de l’Empereur ». Cette idolâtrie d’Etat est ce qui a causé les persécutions de chrétiens quarante ans plus tard. 

Cet Empereur Dieu n’était pas tendre et les mœurs romaines non plus. Une société où le père de famille avait droit de vie et de mort sur sa famille et ses esclaves, où ces derniers n’étaient rien, où l’individu n’avait guère de valeur (sauf s’il était puissant)… La politique romaine était au mieux dictée par un intérêt général broyant l’individu, au pire par des intérêts particuliers de certains militaires ou de quelques magistrats. Nous sommes bien loin de la notion de bien commun qui sera défendue plus tard par les chrétiens. 

L’Empereur-Dieu de Rome qui veut recenser toute la terre… 

Pendant ce temps, Marie et Joseph arrivent à Bethléem. Elle est enceinte, elle va accoucher…ils trouvent portes closes. Seule une étable est disponible pour eux. Auguste est dans son palais à Rome, entouré de fastes, commandant d’un geste de la main à tout son Empire. Jésus, lui, nait dans une écurie. 

Au milieu d’animaux, il est placé dans une mangeoire, sur la paille.

Dans une mangeoire, prêt à être mangé.

La mangeoire est comme une patène sur laquelle le corps du Christ est déposé.

La mangeoire est comme un ostensoir, dans lequel le corps du Christ est exposé. 

La mangeoire est bien cette « maison du pain », ce qui se dit Bethléem en hébreu. Le pain de vie qui nous donne la vie. Le pain de vie, qui est la vie. Lui le vrai sauveur, lui qui règne dans nos vies, dans nos cœurs, lui le Christ roi de l’univers, le seul vrai roi. 

Devant la mangeoire Marie est là, elle médite cet évènement dans son cœur. Trente ans plus tard elle sera aussi présente, cette fois –ci devant la croix. 

Joseph est là aussi, silencieux. Et les bergers sont là, ils viennent adorer celui qui est comme eux : un berger. Le bon pasteur a tenu à ce que ce soit d’autres pasteurs qui soient là en premier. 

Jésus à t’il été recensé par l’administration romaine ? Figure t’il sur les registres que le gouverneur Quirinius à transmis à l’Empereur ? Nul ne le sait. Il a sans doute été une ligne signifiant qu’il est né à cette occasion. Une ligne insignifiante, ignoré des grands de ce monde et de cet Empereur-Dieu qui prétendait le diriger. 

Cette nuit : celui qui prétendait être Dieu en voulant recenser toute la terre n’a peut-être pas compté dans sa liste le Christ, le seul roi de l’univers. En revanche, les petits bergers, eux ils étaient là. 

Joyeux Noël à tous !

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